Ce couteau dans mon cœur
Louis Aragon - concert poème
Je me souviens de toi comme d’une chose interdite Comme le voleur d’avoir pris Ô mon amour ô mon crime » Un concert - poème conçu et réalisé par Sonia Masson Séance exceptionnelle le 18 DÉCEMBRE 2019 à 20h30
À L'ESPACE NIEMEYER 6 ave Mathurin Moreau 75019 Paris
(Place du Colonel Fabien)
Avec Sonia Masson – voix
Pablo Nemirovsky – bandonéon
Didier Petit – violoncelle
Pablo Cueco – percussions
Et venez à partir de 19h profiter d'un petit bar, découvrir ce lieu emblématique, et faire l'acquisition de quelques objets made in le lampion (la présentation de l'Anthologie des lettres françaises est, elle, annulée)
Regarder notre teaser ici
|
![]() |
Des vers qui hantent depuis longtemps la mémoire et l’affect d’une comédienne,
comme autant de jalons rimés d’un usage charnel du monde,
surgissent dans un paysage sonore chaque fois réinventé,
comme si seule l’improvisation pouvait faire écho à leur déploiement obsessionnel.
DesMots…
Du« Poème à crier dans les ruines » 1929, aux « Paroles perdues » et aux « Rendez-vous » 1968, Louis Aragon aura, tout au long de sa vie, œuvré à l’établissement d’une cartographie, peu s’en faut exhaustive, du Désastre amoureux. Dans cet étrange pays, les sommets ensoleillés ne sont jamais bien loin des gouffres de l’attente, et tout océan troublé laisse présager le désert dudésir.
… en musique
Le choix de la formation musicale fait écho à l’idéal humaniste et poétique que représentait la ville de Grenade, si chère à l’auteur du « Fou d’Elsa ». Le trio instrumental réunira le bandonéon (en transit depuis l’Argentine), le violoncelle ou le violon (avec ce que cela représente d’héritage, qu’il soit viennois, opératique ou tsigane) et des percussions comme le zarb (originaire d’Iran) ou les tablas (emblématiques de la musique indienne).
Un article paru dans "Faites entrer l'infini",
la revue des Amis d'Elsa Triolet et Louis Aragon,
par Claude Bardavid
Conçu par Sonia Masson, ce concert-poème a été présenté par la compagnie du Lampion à Paris, en mars dernier, dans un bar de Belleville. Du « Poème à crier dans les ruines » (1929) aux « Paroles perdues » et aux « Rendez-vous » (1968) Louis Aragon aura, tout au tong de sa vie, œuvré à l'établissement d'une cartographie, peu s'en faut exhaustive, du désastre amoureux. Dans cet étrange pays, les sommets ensoleillés ne sont jamais bien loin des gouffres de l'attente, et tout océan troublé laisse présager le désert du désir. C'est dire que le choix de textes opéré par Sonia Masson est à l'aune du titre de son spectacle « Ce couteau dans mon cœur » Entourée de musiciens dont Pablo Nemirovsky au bandonéon, elle donne à voir et écouter des textes déchirants. Par son jeu de scène, son phrasé sans faille, l'improvisation organisée entre elle et ses musiciens, elle nous capte dès le premier instant et nous conduit sans tressaillir dans les tréfonds de la désespérance. Tout n'est que tension. Tension des cordes, tension de la peau du tambour, tension de la comédienne, mais aussi tension dans la salle. « Les musiciens qui m'accompagnent ont tendance, et j'adore ça, à me considérer comme l'une des leurs, souffle Sonia Masson, comme si mon instrument était la parole d'Aragon... » Textes enfouis et resurgis Au cœur de sa bibliothèque, une photo montre Sonia Masson à deux ans sur les genoux d'Aragon, au côté de son grand-père André Masson. « Aragon, faisait partie de la famille élargie, si je puis dire, des très proches qui gravitaient autour de mon grand-père. La première rencontre avec Aragon poète s'est produite lorsqu'à 13 ans, j'ai commencé à écouter en boucle sur une cassette audio que possédaient mes grands-parents, Aragon récitant « Les rendez-vous », «Paroles perdues » et « Le Voyage d'Italie ». Dans le spectacle monté à « La Barricade », à Belleville, on retrouve « Les Rendez-vous » en entier et deux poèmes de « Paroles perdues ». Textes qu'elle portait en elle depuis si longtemps. |
En 2013, après bien des atermoiements, elle décide de se jeter à corps perdu dans son projet. « Plutôt que de fuir Aragon, plutôt que de fuir le spectacle, plutôt que de fuir la douleur, on va tout regarder dons les yeux, on va mettre des mots sur les douleurs, des mots sur les maux. On va donner voix à tout ce dont ça parle, dit-elle. » Une technique poussée de la voix Formée à l'école russe de Moscou dès 1994, Sonia Masson s'engage dans des études de théâtre d'art à 20 ans et enchaîne avec une deuxième formation pour être « directeur de mouvement », c'est-à-dire suivre le travail physique des comédiens. « Il existe une technique de la voix parlée travaillée en Russie qui n'existe pas de manière aussi poussée en France, explique la comédienne. Si on ne possède pas la technique vocale pour passer au milieu de trois instruments, le violon, très intense, qui possède la même tessiture que la voix, le bandonéon et sa force et le violoncelle, on est inaudible. Il faut pouvoir compter sur son souffle, sa voix, son articulation. » Pour l’avenir Sonia Masson aimerait donner une nouvelle dimension à son spectacle, plus charnelle, en faisant appel à des artistes de cirque. « Je continue à penser que l’un des actes les plus révolutionnaires et périlleux qui soit, reste l'acte d'aimer. Il s'agit de haute voltige. Je souhaiterais mettre en scène ce péril de chaque instant parce qu'on ne s'installe pas dans un poème, comme on ne s'installe pas dans le couple. Les arts du cirque sont les seuls à être au niveau du point de rupture, du point d'abîme et en même temps du plus haut point de sublimation poétique qui soit dans la lignée de ce dont parle Aragon. » Claude Bardavid – juin 2014Faites entrer l’infini n°57
|