Les Chants de Maldoror
Moi, comme les chiens, j'éprouve le besoin de l'infini...
Je ne puis, je ne puis contenter ce besoin !
Prochaines dates à déterminer...
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[ BESTIAIRE ]
AVEC SONIA MASSON voix JACQUES DI DONATO clarinettes DIDIER PETIT violoncelle PABLO NEMIROVSKY bandonéon |
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Teaser réalisé par Patrick Dehalu
Quelques souvenirs sonores du Chant Premier sur soundcloud... et des images dans cet album...
Météores du romantisme noir, Les Chants de Maldoror portent leur propre ambiguïté : ils sont autant le théâtre du jaillissement brut et obsessionnel, que du triomphe de la lucidité. Impossible de trancher. Aussi toute lecture, toute interprétation, tout éclairage seront souverains.
« Il faut lire Lautréamont selon sa propre pente. » disait Julien Gracq.
Cette liberté exceptionnelle, c’est naturellement par l’improvisation que nous avons choisi de l’exercer. Comparable au processus de conjuration, elle joue en contrepoint avec la poésie pour mieux en raviver l’étrangeté, lui préserver toute sa virulence afin qu’elle nous parvienne intacte.
Je ne sais pas pourquoi, je pense aux Causeuses de Camille Claudel lorsque je les vois s’installer.
Est-ce la discrétion ? Cette façon d’être là, face à nous, comme s’ils ne l’étaient pas ? Absents à tout ce qui n’est pas ce qui va venir, la musique, les mots ? Ont-ils l’air d’émerger des beaux murs de pierre de L’atelier du plateau, comme les causeuses du plâtre ou de l’Onyx ?
Les causeuses, ici, trois vénérables et prodigieux musiciens, blanc-chevelus, barbus parfois, qui une heure durant improviseront avec une femme qui, elle, dit les mots du comte de Lautréamont. Une femme tout aussi musicienne qu’eux et qui joue d’un instrument très particulier, le comédien.
Jacques Di Donato, Pablo Némirovsky, Didier Petit, Sonia Masson. Clarinette, Bandonéon, Violoncelle, jeu/voix. Leur musique, toute improvisée, est chargée - comme les lourds navires qui traversèrent l’Atlantique, de nostalgie et de fulgurances entre Europe centrale, Pampa et (free) jazz, impure et bouleversante comme tous ce qui émigre, tout ce qui est jeune. Ils accompagnent, justement, les mots d’un tout jeune homme né à Montevideo et mort à Paris, à vingt-quatre ans, qui, dit-on, n’écrivait que la nuit, assis à son piano. Le voilà, ils le font revivre, déchirant comme tout ceux qui, seuls, loin de chez eux, dépassent leur destin de toute une humanité. Humanité qui se découvre « méchante », et on entend alors, directement dans le colimaçon de l’oreille, son « fruit amer », les chants de Maldoror.
Nicolas Struve - comédien et metteur en scène