Les terrifiants pépins de la réalité
Pablo Picasso et Alberto Giacometti possèdent, au moins, deux choses en commun. Une certaine obsession de la réalité, et la particularité d’être en osmose avec ces 4 murs qu’on appelle un atelier. En effet, et c’est là déjà une autre chose en commun, leur charme plissé, sinueux, leur lumière profonde ont fait d’eux des victimes idéales de l’argentique. Et souvent, les clichés de grands photographes, en plus de nous mettre à portée de leur sourire, nous ont permis de rentrer dans l’intimité de leur atelier, comme dans leur coquille, pour Giacometti, ou dans la forge d’un Vulcain, pour Picasso. Les poètes, qui furent leurs proches, leurs hôtes, leurs frères, ont volontiers cédé à l’envoûtement de ces lieux et de leurs locataires.
Mais ces ateliers sont aussi des laboratoires alchimiques, où la réalité sera tantôt calcinée, réduite, agglomérée, volatilisée, tantôt combinée, multipliée, transmutée…
Giacometti, en 1959, répondait ainsi sur la nature de ses intentions : « La réalité n’a jamais été pour moi un prétexte pour faire des œuvres d’art, mais l’art un moyen nécessaire pour me rendre un peu mieux compte de ce que je vois. » Alors que chez Picasso, à en croire Robert Desnos, « il semble que le peintre se soit donné pour mission de nous révéler le monde vrai, si vrai même, qu’il contredit, qu’il accuse de mensonge ce que l’éducation, l’habitude et aussi une certaine forme de lâcheté de nos sens nous avaient accoutumés à prendre pour la réalité. »… Positions opposées et complémentaires, comme autant de niveaux de projection dans une caverne des temps modernes, l’Art assume, dans les deux cas, son principe révélateur, et met en scène l’affirmation de la Vie.
JEAN-PIERRE LEONARDINI est journaliste professionnel depuis 1962. Il a effectué l’essentiel de sa carrière au journal L’Humanité en qualité de responsable du service culturel et de critique dramatique attitré.
Auteur des ouvrages Festival d’Automne 1972-1982 ; Profiles perdus d’Antoine Vitez ; Sauve qui peut la langue, Hollywood désir de stars, etc., il a aussi enseigné à l’Université de Nanterre, à l’Université Louis Lumière de Lyon, à l’ENSATT, au TNS, etc.
Comédien depuis 1997, il a participé à des films de Xavier Durringer, Laurence Ferrera-Barboza, Bertrand Tavernier, Thierry Jousse, etc. Au théâtre : Le Projet HLA de Nicolas Fretel, mise en scène de Razerka Ben Sadia-Lavant (Vidy Lausanne et la Colline, Paris) au printemps 2006 et, tout récemment, à Grenoble, Carré fumeur de Jean Miez, mise en scène de Stéphane Müh.
Jean-Pierre Léonardini est membre du comité de lecture de la Comédie Française.
Après des débuts à l'Orchestre Philharmonique de Strasbourg, JEAN-PAUL CELEA s’oriente vers la musique contemporaine dès 1976, avec Pierre Boulez et l'Ensemble Intercontemporain, puis l'Ensemble Musique Vivante dirigé par Diego Masson au sein duquel il travaillera avec Luciano Berio, Karlheinz Stockhausen et Vinko Globokar… Il est dédicataire de pièces de contrebasse solo de Pascal Dusapin, Marc Monnet, James Dillon, Michel Redolfi...
Au début des années 80, il décide de se consacrer au jazz et aux musiques improvisées. Il joue avec Jean-François Jenny-Clark, Jacques Thollot, Michel Portal, François Jeanneau, Daniel Humair, François Couturier, Dominique Pifarély, Joachim Kühn, Steve Lacy, Eric Watson, John Surman, Bobo Stenson, John Scofield…
1996 marque les débuts de l'emblématique Trio Celea/Liebman/Reisinger, aussi appelé World View Trio et en 2011 il initie un nouveau trio avec Émile Parisien et Wolfgang Reisinger (Yes Ornette ! cd paru en 2012)
Il a enseigné la contrebasse de 1998 à 2016 au Conservatoire National Supérieur de Musique de Paris.